Charles Nodier et la question éducative

Autores

  • Jacques-Remi Dahan CNRS

DOI:

https://doi.org/10.5007/fragmentos.v31i0.8394

Resumo

Les plus anciens témoignages d’une réflexion théorique de Nodier sur les questions pédagogiques n’apparaissent qu’en 1815, postérieurement à Waterloo. Nodier analyse en effet les Cent-Jours comme une réédition en petit de la crise révolutionnaire, qui lui fait prendre conscience du caractère précaire et illusoire de la Restauration : l’âge révolutionnaire et son appendice impérial n’ont pas été une parenthèse, mais la fin d’une ère. Il est donc d’une nécessité absolue de forger des instruments intellectuels neufs, et de prémunir les nouvelles générations contre les chimères révolutionnaires. En conséquence, la réflexion pédagogique de Nodier prend alors deux formes. La première est une critique virulente des innovations pédagogiques, et au premier chef de l’enseignement mutuel. Cette lutte contre les nouvelles méthodes d’enseignement, fortement symbolique, vise à préserver les générations nouvelles des erreurs passées. Il ne s’agit là toutefois que du volet négatif de sa pensée. La seconde forme que prend sa réflexion verse délibérément dans l’utopie : Nodier, convaincu que le monde va finir, considère que son devoir de clerc est d’écrire pour après : pour ce monde qui naîtra peut-être des décombres du nôtre. Son oeuvre pédagogique positive se voue en conséquence à deux catégories humaines, dans lesquelles il devine les semences de ce nouveau monde : le peuple, et les femmes. Si seule la société s’effondre dans le cataclysme annoncé, c’est du peuple qu’elle renaîtra. Il importe donc de forger pour lui un système éducatif nouveau, qui le préserve de dangereux errements et le prépare à assumer sa mission. L’éducation des femmes est la seconde préoccupation de Nodier dans les années 1830. Les femmes, de par leur nature profonde, diffèrent des hommes au point que Nodier les fait membres d’une autre espèce, plus avancée sur la voie qui conduit à l’être compréhensif. Leur fonction, véritable sacerdoce, est donc de précéder l’homme et de l’entraîner à leur suite vers les hauteurs où se poursuivra le destin de l’humanité, lorsque notre espèce aura disparu de la surface de la terre.

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Publicado

2008-12-03

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Artigos